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Du Caire à Paris
Le père de Dalida, l'Italien Pietro Gigliotti (1904-1945) était premier violon à l’Opéra du Caire[1]. Elle est la seule fille d'une famille de trois enfants : Orlando est l'aîné, son frère cadet Bruno, né en 1936, (qui prendra en 1966 pour nom de scène Orlando, le prénom de son frère ainé, et deviendra l'agent artistique de Dalida)[2].Iolanda naît en 1933 à Choubrah (faubourg aux portes du Caire) de parents calabrais (sud de l'Italie) originaires de Serrastretta, dans la province de Catanzaro.
Après avoir remporté en Égypte quelques concours de beauté, dont le titre de « Miss Égypte 1954 »[2], et tourné dans plusieurs films de série B, Dalida gagne Paris à l’âge de vingt-et-un ans dans l’espoir de faire carrière dans le cinéma[2]. Elle prend rapidement conscience du fait que son maigre bagage ne pèse rien aux yeux des producteurs français et s’oriente vers la chanson : elle débute à la Villa d'Este, dans un répertoire à l’exotisme latin. Au début de sa carrière, Iolanda Gigliotti a pour nom de scène Dalila, mais ce pseudonyme faisant trop penser aux mythiques Samson et Dalila, elle le changera très vite en Dalida (sur les conseils d'Alfred Machard, écrivain).
Carrière
À la recherche de nouveaux talents pour son music-hall, Bruno Coquatrix remarque Dalida à la Villa d'Este et au Drap d'Or (restaurants-cabarets parisiens). Il lui suggère de participer à un concours pour amateurs : « Les Numéros 1 de demain », organisé à l’Olympia le 9 avril 1956. Sont présents Eddie Barclay, jeune producteur de disques (qui vient d'importer le disque microsillon des États-Unis en France), et Lucien Morisse, directeur des programmes d’Europe 1[6]. Pour l'anecdote, ils ont joué au 421 pour savoir s'ils assisteraient ou non au concours diffusé sur Europe 1, Eddie Barclay désirant assister au concours et Lucien Morisse voulant aller au cinéma. Lucien Morisse, subjugué par le charme oriental de Dalida, la convoque dans ses bureaux de la rue François Ier. Le 28 août 1956 sort son premier 45 tours : Madona, une adaptation française d'un titre portugais d'Amália Rodrigues, Barco Negro. Devant ce succès mitigé et un deuxième disque en octobre, Le torrent, qui n'a guère été plus efficace, Lucien Morisse pense avoir déniché le titre qui sera la marque de fabrique de Dalida : Bambino, reprise d'une chanson de Marino Marini Guaglione, qui était prévu pour la vedette en place, Gloria Lasso. Il bloque la chanson et la fait enregistrer en une nuit. Il invente le matraquage, Bambino passe toutes les heures à l'antenne d'Europe 1. Résultat des courses : une chanson vendue à 1/2 million de 45 tours, plus d'un an au hit-parade (d'après Infodisc, n° 1 pendant 39 semaines) et premier disque d'or. Sur sa lancée, Dalida partage, quelques semaines plus tard, la même scène de l’Olympia, en première partie du spectacle de Charles Aznavour, puis en vedette américaine de Gilbert Bécaud. Elle sera par ailleurs tête d'affiche à l'Olympia en 1961, 1964, 1967, 1971, 1974, 1977 et 1981.Lucien Morisse, qui l’épousera ensuite (1961)[6], prend sa carrière en main et en fait rapidement une immense vedette populaire, grâce à des succès comme Bambino, qui la lance en 1956, Come prima, Gondolier, Les Gitans, Histoire d'un amour,Aie mon coeur,Dans le bleu du ciel bleu, Romantica, bientôt suivis par Les Enfants du Pirée, Ciao, ciao bambina, L’Arlequin de Tolède, Itsi bitsi, petit bikini, Garde-moi la dernière danse, Nuits d'Espagne, Le jour le plus long, Achète-moi un juke-box, Le petit Gonzalès, Chaque instant de chaque jour, Amour excuse-moi (Amore scusami), La danse de Zorba, El Cordobès, Il Silenzio (Bonsoir mon amour), Les grilles de ma maison, À qui, Petit homme, Ciao Amore, Ciao , Mama, Le temps des fleurs, Zoum Zoum Zoum, etc. Fichier:Dalida.jpg En 1969, Arnaud Desjardins lui fait découvrir la philosophie orientale. Elle hésite à arrêter sa carrière. Elle décide finalement de continuer à chanter mais change de répertoire et interprète Avec le temps de Léo Ferré, Mamina de Pascal Danel et Je suis malade de Serge Lama, ainsi que des « perles » originales comme Il venait d'avoir 18 ans, Ta femme, Il pleut sur Bruxelles, Mourir sur scène, etc. Elle ne renoncera pas pour autant aux très grands succès populaires à l'instar de Darla dirladada, Parle plus bas (Le Parrain), Paroles… Paroles… (en duo avec Alain Delon), Gigi l'Amoroso, J'attendrai, (n° 1 des ventes en février 1976) (http://top.france.free.fr/html/source.htm) Besame mucho, Femme est la nuit, Salma ya salama, Génération 78, Le lambeth walk, Monday, Tuesday... Laissez-moi danser, Il faut danser reggae, Mistinguet etc.
Une vie privée ponctuée de drames
Pourtant, en dépit de cette fabuleuse réussite, la chanteuse ne fut guère heureuse dans sa vie sentimentale. Premièrement, elle fut très marquée, adolescente, par la mort prématurée de son père au lendemain de la guerre, qu'il a passée dans un camp de prisonniers, étant italien dans un pays sous domination anglaise (l'Italie fasciste étant alors ennemie de la Grande-Bretagne). Ses relations avec son père étaient difficiles et elle s'en voulut plus tard de ne pas l'avoir mieux connu. Catherine Rihoit, biographe, explique les déboires sentimentaux de Dalida par le fait que l'artiste a cherché son père dans les différents hommes de sa vie.A l'âge adulte, plusieurs épreuves se sont succédé dans la vie de Dalida, notamment après sa courte liaison avec l'acteur et peintre Jean Sobieski, père de Leelee Sobieski, de 1961 à 1963 - un des rares hommes de sa vie à ne pas avoir trouvé la mort dans des circonstances tragiques :
En effet, le 26 janvier 1967, Dalida participe au Festival de San Remo avec Luigi Tenco, le nouvel homme de sa vie ; ce dernier, sous l'effet de l'alcool et de calmants, échoue et le titre, Ciao amore ciao, n'est pas retenu. Profondément déçu, le jeune chanteur se suicide en se tirant une balle dans la tête[7]. Dalida elle-même découvre le corps. Ils avaient décidé, ce soir-là, d'annoncer leur projet de mariage à leurs proches[6]. Désespérée, un mois plus tard, le 26 février 1967, Dalida tente de mettre fin à ses jours à l'hôtel Prince de Galles à Paris, par une surdose de barbituriques. Retrouvée inanimée, elle ne peut remonter sur scène qu'en octobre de la même année pour un Olympia, après 5 jours dans le coma et des mois de convalescence.
Puis, le 11 septembre 1970, son pygmalion, compagnon de 1956 à 1961 et ex-mari Lucien Morisse, avec lequel elle avait gardé de très bons rapports, se suicide dans leur ancien appartement situé 7 rue d'Ankara à Paris en se tirant une balle dans la tempe, dans des circonstances assez troubles.
Le 25 avril 1975, son grand ami le chanteur Mike Brant se donne la mort à son tour; Dalida lui avait permis de chanter en première partie de son Olympia à l'automne 1971 et contribué a son succès en France. Dalida s'était la première précipitée au chevet du chanteur israélien lors de la première tentative de suicide de celui-ci le 22 novembre 1974.
Le 18 juillet 1983, son compagnon pendant neuf ans, de 1972 à 1981, Richard Chanfray, met fin à ses jours lui aussi avec sa nouvelle conquête Paula, près de Saint-Tropez, par inhalation des gaz d'échappement de sa R25. À 50 ans, Dalida est persuadée de porter malheur aux hommes de sa vie.
D'autres drames marquent également la chanteuse : en décembre 1967, tout juste remise de sa première tentative de suicide, elle tombe enceinte d'un étudiant romain, Lucio, âgé de 18 ans, elle décide d'avorter mais l'opération la rend stérile. La chanson Il venait d'avoir 18 ans est directement liée à cet épisode de sa vie[6].
La période de crise traversée à partir de 1967 correspond à un changement d'orientation dans sa carrière. Parallèlement, Dalida entame une thérapie[8] et lit Teilhard de Chardin ou Freud. Par ailleurs, entre 1969 et 1971, Dalida a pour compagnon le philosophe et écrivain Arnaud Desjardins mais, celui-ci étant marié, ils préférèrent mettre fin à cette liaison. Vers 1972, Dalida a une courte relation avec le chanteur Richard Stivell, qui lui avoue être déjà marié[9].
Après sa rupture avec Richard Chanfray, Dalida aura dans sa vie Bertrand Bidault, un assistant ingénieur du son, puis un certain Max, avocat, durant l'année 1982, puis Karim Allaoui, un pilote de ligne égyptien, en 1983-1984. Enfin, au moment de son décès, Dalida avait pour compagnon François Naudy, un médecin, rencontré en 1985. Encore une fois, la déception fut au rendez-vous, ce dernier se montrant de plus en plus fuyant au fil du temps…
Suite à sa séparation d'avec Jean Sobieski, Dalida connut Christian de La Mazière (décédé en 2006), journaliste au passé trouble - il avait combattu dans les Waffen SS, alors âgé de 17 ans. Leur histoire prit fin en 1966. Il serait resté un ami fidèle pour la chanteuse[10].
En 2007, Alain Delon a révélé que Dalida et lui avaient connu une brève et intense passion en 1960 alors qu'ils se trouvaient tous les deux à Rome pour le tournage de leurs films respectifs. Les deux vedettes se connaissaient depuis 1955, époque où, inconnus et voisins de palier, l'un tentait sa chance au cinéma et l'autre dans la chanson.
En 1986, Dalida interpréta une chanson autobiographique sur un texte de Didier Barbelivien, Les hommes de ma vie, bilan fort mélancolique de sa vie amoureuse où sont évoqués très clairement ses amours suicidées.
Au cœur de la vie privée de Dalida se trouve également une relation avec François Mitterrand, qui lui fut prêtée dès 1979, deux ans avant l'élection présidentielle de 1981[11]. Liaison largement démentie par Orlando, qui indique que leur relation n'a été que de l'amitié : « Qui, d'Orlando ou de Dalida, a eu une relation avec François Mitterrand ? » - Réponse d'Orlando : « Moi, bien sûr ! » Cette amitié valut quand même au Président d'être surnommé par ses détracteurs « Mimi l'Amoroso ». Dalida fut néanmoins l'une des artistes qui apporta à Mitterrand son soutien inconditionnel pour l'investiture présidentielle. Soutien qui, toutefois, la desservit professionnellement et provoqua, pendant quelques années, la division de son public[12] qu'elle ne réunira tout à fait qu'après sa mort, voire en l'élargissant aux nouvelles générations qui ne l'ont pas connue de son vivant. En 1983, des journalistes se demandèrent si Dalida n'avait pas changé de camp politique après avoir fait la bise à Jacques Chirac dans une soirée privée de Line Renaud ! Lassée, Dalida affirma être apolitique et ne chanter que pour son public.
Dernière année et décès[modifier]
Durant la dernière année de sa vie, revenant du tournage du Sixième Jour dans lequel elle avait interprété la lavandière Saddika à qui elle s'identifiait[13], coupée de son public jusqu'à la rentrée 1987 pour cause de préparation d'une comédie musicale dans laquelle elle devait jouer Cléopâtre, et d'une pièce de théâtre, Dalida tomba dans une profonde dépression nerveuse. Cachant de plus en plus difficilement le désespoir qui l’habitait sous le bonheur exprimé par ses chansons, elle finit par se suicider dans sa maison de la rue d'Orchampt dans le quartier de Montmartre, au cours de la nuit du 2 au 3 mai 1987, par surdose de barbituriques[13].Elle laissa deux lettres, à Orlando et à son compagnon François Naudy, ainsi qu'un mot « Pardonnez-moi, la vie m'est insupportable»[13]. Elle fut inhumée le jeudi 7 mai 1987 au cimetière de Montmartre (division 18).
Un mythe
Dalida s'est investie dans la défense des radios libres, elle a été marraine de la radio NRJ et a soutenu notamment son ami Max Guazzini (devenu président du club de rugby le Stade Français). Elle a été, de son vivant et jusqu'après sa mort, une icône de la culture homosexuelle, défendant la gay-pride et étant proche d'artistes et hommes politiques homosexuels tels que Pascal Sevran et Bertrand Delanoë[14].Depuis sa disparition, elle est devenue une vraie référence pour la jeune génération de chanteuses. Elle ne cesse de fasciner toutes les catégories : le cinéma, les chansons (Charles Aznavour avec « De la seine à la scène ») et même la télévision avec un mini-feuilleton Dalida, en deux parties, diffusé en 2005 et réalisé par Joyce Buñuel, avec Sabrina Ferilli dans le rôle titre. Au théâtre, Joseph Agostini et Caroline Sourrisseau écrivent Dalida, à quoi bon vivre au mois de mai ?, une fantaisie onirique et surréaliste sur la chanteuse, jouée par Elsa Zadkine aux Ateliers Théâtre de Montmartre en 2005.
Une place porte aussi son nom à Paris, non loin de la rue d'Orchampt où elle résidait.
Les festivités sont nombreuses lors du 20e anniversaire de sa mort en mai 2007. La mairie de la ville de Paris consacre, dans ses murs, une exposition d'images et de sons pour rappeler le souvenir de cette grande chanteuse, qui fut aussi une représentante de la capitale.
Dalida a vendu beaucoup de singles et d'albums à travers le monde, surtout en France, mais aussi en Italie,en Espagne, en Belgique, en Suisse, en Allemagne (4 titres classés), en Égypte, au Canada, au Moyen-Orient, au Japon, en Amérique du sud, etc. Dans tous les cas, plus de 125 millions de disques à travers le monde (cf. Daniel Lesueur, L'argus Dalida, p. 27; site officiel). Elle a été la première à recevoir un disque d'or pour Bambino (1956-1957), un disque de platine (1964) et un disque de diamant (1981), créé spécialement pour elle. Dalida a reçu deux fois l'Oscar Mondial du Succès du disque (en 1963 et en 1974), ainsi que le Prix de l'Académie du Disque français (1975 : Il venait d'avoir 18 ans). Ayant refusé, à deux reprises (1958 et 1978), un contrat exclusif avec les États-Unis, ce qui entrava fatalement sa carrière américaine, elle obtint toutefois une ovation mémorable au Carnegie Hall de New-York en décembre 1978 et au Shrine Auditorium de Los Angeles en octobre 1986 (cf. D. Lesueur, L'argus Dalida, p. 35 ; A. Gallimard - Orlando, Dalida mon amour, p. 111 ; C. Daccache - I. Salmon, Dalida, pp. 106-07; ainsi que la plupart des biographies concernant l'artiste franco-italo-égyptienne et mentionnées dans la Bibliographie de cet article). Avec Edith Piaf, Dalida est la chanteuse populaire française qui a le plus marqué le XXe siècle
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